Les interconnexions du Net
09/02/2005
 Christian CALECA 
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Interconnexions

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Comment se font ces interconnexions

Contrairement aux réseaux téléphoniques, où le trafic est comptabilisé et facturé en fonction du temps, où la réglementation des transits entre opérateurs est parfaitement définie, il n'existe pas de moyens précis d'évaluer la part de trafic imputable à un opérateur en particulier, de même que, de part ses origines mêmes, l'Internet n'a pas prévu de cadre législatif pour la création de ces interconnexions.

Nous l'avons vu, l'interconnexion des réseaux est un besoin vital pour chaque opérateur. Comment sont-ils réalisés ? Pour bien le comprendre, il nous faudrait commencer par avoir une vision aussi précise possible de ce que peut être le réseau d'un opérateur. Nous pouvons nous appuyer sur l'analyse de Renater, d'abord parce qu'historiquement c'est le plus intéressant des grands réseaux de partage d'informations, ensuite parce qu'il est plutôt bien décrit sur l'Internet lui-même.

Constitution d'un réseau national : Renater

Tout est suffisamment bien décrit sur www.renater.fr . Disons simplement ici que son objectif est de créer un réseau d'échange entre les divers centres universitaires, de la recherche et de l'éducation nationale.

Chaque campus universitaire dispose de son propre réseau "local" et chacun de ces réseaux locaux est connecté à un "backbone", une sorte d'artère à haut débit. Au total, nous avons sur la France quelque chose qui ressemble à ceci :

renater

Note: Ces informations sont issues du site officiel de Renater, au 26/01/2003 et peuvent changer dans le temps.

Comme vous le voyez, ça ressemble beaucoup à un réseau autoroutier, avec souvent plusieurs chemins possibles pour aller d'un point à un autre, certes pas forcément aussi courts ni aussi rapides les uns que les autres. Par exemple les données qui doivent transiter entre Lyon et Poitiers peuvent emprunter au moins trois chemins différents, sans sortir de Renater.

D'autres exemples de backbones

Les backbones Colt à gauche et LDCom à droite.

COLT

colt

LDCOM

ldcom

Ces cartes sont tirées des sites respectifs des deux opérateurs au 26/01/2003 et peuvent changer dans le temps.

Notez la grande similitude des chemins sur ces trois cartographies, ce sera utile par la suite...

Les points de rencontre

Il est clair que ces trois réseaux passent tout près les uns des autres, principalement dans les grands centres urbains comme Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux...

La France disposant d'une longue tradition de centralisation, nous allons trouver les plus gros points de raccordement sur Paris. 

"Peering" et transit

Paris et sa périphérie abritent quelques quartiers plutôt stratégiques pour l'Internet Français. Aubervilliers en est un bon exemple. Il pourra même se faire que dans le même immeuble, plusieurs opérateurs disposent d'équipements de routage. Quoi de plus facile alors que d'en profiter pour y réaliser des connexions inter réseaux ?

Le "Peering"

C'est une solution longtemps privilégiée par les opérateurs qui souhaitent échanger du trafic entre leurs réseaux. 

Imaginons le cas de deux opérateurs d'importance comparable. Compte tenu de ce que nous avons déjà vu, il est clair que les clients de l'un attendent de leur opérateur la possibilité d'accéder aux ressources de l'autre, et réciproquement. Il est donc logique d'imaginer un accord "amiable" qui permettrait cet échange de données bilatéral de façon gratuite pour chacune des deux parties. En effet, les volumes échangés peuvent être considérés comme comparables et dans un tel cas, les "droits de passage" se compenseraient. Compte tenu de la difficulté à évaluer avec exactitude ces droits, le "peering" semble être une solution sage et peu onéreuse. Dans la pratique, quelques mètres de fibre optique tirés entre les armoires de routage des deux opérateurs suffiront à établir l'interconnexion, puisque les deux opérateurs ont eu la "bonne idée" d'être voisins.

Pratiquement, c'est un tout petit peu plus compliqué, mais à peine. En effet, en plus de la fibre, il faudra aussi gérer les routeurs sur les deux réseaux. Au final, une solution peut consister en la création d'une entité spécialisée dans les opérations de "peering", les fournisseurs de services n'ayant plus qu'à venir se connecter sur les équipements de ces entités en lui délégant la gestion des routages. Cette entité sera rétribuée ou non par l'ensemble des fournisseurs de services qui ont recours à ce point de "peering", mais le trafic échangé ne sera pas payant. 

Le transit

Le transit est initialement prévu pour permettre l'échange de données entre deux opérateurs, via le réseau d'un opérateur tiers. Il n'y a pas de connexion directe possible entre les réseaux des deux fournisseurs de services qui, pour échanger leur données, doivent passer par le réseau d'un troisième opérateur. Dans ce cas, le transport est le plus souvent facturé par l'opérateur tiers. Initialement, les réseaux de transit servaient principalement aux interconnexions transcontinentales. Ainsi par exemple,  Opentransit, un service de France Telecom,  propose entre autres, des routes transatlantiques.

Il n'est pas rare pourtant de voir intervenir un opérateur de transit entre deux réseaux qui, à priori, pourraient facilement faire du "peering" entre eux, comme nous le verrons plus loin.

Pratiquement

Les trois centres d'échange les plus importants en France sont Parix, Sfinx et Freeix.

Il est intéressant d'observer de près ces échangeurs, qui disposent de plusieurs points de présence (POP ( Point Of Presence, à ne pas confondre avec POP3, de la messagerie)), dont certains sont hébergés dans les mêmes bâtiments.

Ainsi, parix ,  un échangeur géré par France Télécom et Telehouse :

PARIX offre une plate-forme économique de haute qualité pour échanger le trafic avec une capacité de peering ou de transit jusqu'à 128 Gbps. PARIX est disponible sur deux sites PoP de France Télécom, ainsi que dans les centres d'hébergement de Telehouse qui sont "neutres" et ouverts à toutes les entreprises de télécommunications. A l'heure actuelle, 23 acteurs IP et centrés sur Internet sont connectés à PARIX.

Informations recueillies dans un communiqué du service de presse France Telecom

dispose de PoP dans les mêmes bâtiments que Freex et Sfinx.

Au final, nous trouvons en région parisienne un formidable noeud où tous les opérateurs se retrouvent mitoyens, ce qui facilite grandement les échanges de données inter réseaux, mais aussi l'hébergement de services Internet, accessibles par  le plus grand nombre d'internautes, sans devoir développer de coûteux réseaux à haut débit.

Si nous regardons l'évolution du trafic global géré sur Parix, nous voyons clairement à quel point  l'Internet est sur une corde raide et risque l'étranglement à tout moment :

parix Fin janvier 2003, nous constatons que le trafic global a triplé en l'espace de six mois...

Peering ou transit ?

A première vue, nous pourrions penser que le peering constitue une solution raisonnable et équitable pour l'échange de trafic entre fournisseurs de services. Si cette solution a fait ses preuves par le passé, elle semble actuellement être remise en cause. Il y a plusieurs raisons à cela.


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